Livre de Job
Job prit la parole et dit :
« Aujourd’hui encore ma plainte se révolte, quand de la main je retiens mon gémissement.
Ah ! Qui me donnera de savoir où le trouver, de parvenir jusqu’à sa demeure !
J’organiserais devant lui un procès, et ma bouche serait remplie d’arguments.
Je saurais en quels termes il me répondrait et je comprendrais ce qu’il me dirait.
Lui faudrait-il une grande force pour débattre avec moi ? Non, il n’aurait qu’à me prêter attention.
Là, un homme droit argumenterait avec lui ; pour toujours je serais quitte envers mon juge.
Mais si je vais à l’orient, il n’y est pas ; à l’occident, je ne l’aperçois pas ;
agit-il au nord ? je ne l’atteins pas ; se cache-t-il au midi ? je ne le vois pas.
Lui connaît mon chemin. Qu’il me passe au creuset : j’en sortirai comme l’or.
Mon pied s’est attaché à son pas ; j’ai suivi son chemin sans dévier.
Le précepte de ses lèvres, je ne m’en suis pas écarté ; au-delà de mon devoir j’ai gardé les paroles de sa bouche.
Lui est immuable : qui le fera changer ? Ce qu’il désire, il l’exécute.
Il accomplira son décret sur moi ; et de tels projets, il en a d’innombrables.
Voilà pourquoi, devant lui, je suis effrayé ; plus je réfléchis, plus j’ai peur de lui.
Dieu a découragé mon cœur, le Puissant m’a effrayé :
certes, je n’ai pas été anéanti face aux ténèbres, mais pour autant il n’a pas épargné à mon visage l’obscurité.