Livre des lamentations de Jérémie

Aleph

Comment ! L’or s’est terni, l’or pur s’est altéré, et les pierres sacrées sont dispersées à tous les coins de rue ! Beth

Les fils de Sion, si précieux, évalués à prix d’or fin, comment ! ils sont traités en cruches d’argile, ouvrages des mains d’un potier ! Guimel

Même les chacals présentent leurs mamelles pour allaiter leurs petits ; la fille de mon peuple est devenue aussi cruelle que l’autruche du désert. Daleth

La langue du nourrisson assoiffé colle à son palais ; les petits enfants réclament du pain, mais nul ne leur en donne. Hé

Les mangeurs de mets délicats dépérissent dans les rues ; ceux qui vivaient dans le luxe se retrouvent sur le fumier. Waw

La faute de la fille de mon peuple a dépassé le péché de Sodome qui fut anéantie en un instant sans qu’on ait porté la main contre elle. Zaïn

Ses hommes voués à Dieu étaient plus brillants que neige, plus blancs que le lait, leurs corps, plus vermeils que le corail, leur apparence était de saphir. Heth

Leur aspect est plus noir que la suie : dans la rue, on ne les reconnaît plus ; ils n’ont que la peau sur les os, aussi sèche que du bois. Teth

Plus heureuses les victimes de l’épée que les victimes de la faim, qui s’épuisent, diaphanes, privées du fruit de leurs champs. Yod

Dans le malheur de la fille de mon peuple, des femmes, de leurs mains tendres, ont dû faire cuire leurs enfants en guise de nourriture. Kaph

Le Seigneur a détruit dans sa fureur, déversé sa brûlante colère, allumé, dans Sion, un feu qui dévore ses fondations. Lamed

Ils ne croyaient pas, les rois de la terre, ni aucun habitant du monde, que l’adversaire, l’ennemi, franchirait les portes de Jérusalem. Mem

Les péchés de ses prophètes en sont la cause, et les fautes de ses prêtres, eux qui versaient en pleine ville le sang des justes. Noun

Ils erraient en aveugles dans les rues, souillés de sang, et toucher leurs vêtements devenait interdit. Samek

« Arrière, impurs ! » leur criait-on, « Arrière, arrière ! N’y touchez pas ! » Ils fuyaient, errants, chez les païens qui disaient : « Ils ne s’installeront pas ! » Pé

La face du Seigneur les a dispersés et ne les regarde plus ; les prêtres ne sont pas respectés ni les anciens, honorés. Aïn

Sans répit, nos yeux se consument d’attendre en vain du secours ; nous guettons, nous guettons une nation qui ne peut pas sauver. Sadé

On nous a chassés et pourchassés : nous ne pouvons plus aller sur nos places. Notre fin approche, nos jours sont comptés ; notre fin est arrivée. Qoph

Nos poursuivants sont plus rapides que les aigles dans les airs ; dans les montagnes, ils nous harcèlent, dans le désert, ils nous traquent. Resh

Le Messie du Seigneur, le souffle de nos narines, a été pris dans leurs embûches, lui dont nous disions : « Sous sa protection, nous vivrons parmi les nations. » Shin

Jubile et réjouis-toi, fille d’Édom qui habites le pays de Ouç ! À toi aussi, la coupe sera tendue : tu t’enivreras et te montreras nue. Taw

Ta faute est expiée, fille de Sion, il ne te déportera plus. Il punira ta faute, fille d’Édom, il dévoilera tes péchés.